Lorsque l’on reprend les divers éléments biographiques de Mahomet contenus dans le Coran, le Hadith1 ou la sira2, on peut dire que le Prophète était très sensible au charme féminin. Il s’adonna sans retenue aux plaisirs de la chair. Il épousa des femmes de tous âges, des filles de ses proches ou des juives captives, parfois vierges, parfois veuves, parfois répudiées. Enfin, comme nous allons le voir, ses visions mystiques, et Allah, l’ont aidé bien des fois dans sa vie conjugale.
1 – Khadidja
Élevé par son grand-père puis par son oncle, Mahomet n’avait pas suffisamment d’argent pour payer la dot nécessaire à un mariage. Il travailla pour le compte d’une riche veuve, Khadidja, qu’il finit par épouser. Elle avait quinze ans de plus que lui. Ce mariage fit de lui un notable de La Mecque. Khadidja fut son premier disciple, et le soutint dans sa mission de Prophète. Ce n’est qu’après sa mort, que Mahomet commença à avoir d’autres femmes. Le Prophète a eu treize épouses, et nous ne comptons pas ici les relations qu’il eut avec ses esclaves. Nous ne reprendrons pas l’ensemble de ses aventures avec la gent féminine, mais nous allons évoquer certaines anecdotes significatives de l’attitude du Prophète envers les femmes.
2 – Aïcha
Abû Bakr était un Mecquois converti à l’islam, il avait un visage lumineux, qui lui avait valu d’être appelé par les Quraych, Atîq3 (bon et précieux). Sa femme aussi était d’une grande beauté ; un jour Mahomet avait dit d’elle :
« Si quelqu’un veut contempler une femme qui appartienne aux Houris du Paradis aux grands yeux, qu’il regarde Rûman. »4
Ils avaient une fille nommée Aïcha, qui avait hérité de ses deux parents, d’une beauté exceptionnelle. Mais Aïcha avait six ans alors que le Prophète en avait cinquante. De plus son père, Abû Bakr, avait déjà promis à Mut’im qu’il la donnerait en mariage à son fils.
Le Prophète eut alors la vision d’un homme portant un corps enveloppé dans une étoffe ; l’homme dit à Mahomet qu’il s’agissait de sa future femme, et lui demanda de lui retirer son voile, le Prophète lui obéit et découvrit Aïcha. Deux autres songes suivirent, tous comportant le même message.
Un jour une amie de Mahomet lui dit qu’il ne devait pas rester célibataire, qu’il devait épouser une femme. Quand il lui demanda laquelle, elle répondit Zam’ah et Aïcha. Le Prophète demanda alors à son amie d’arranger son mariage avec les deux femmes qu’elle venait de mentionner. Cette dernière s’exécuta. Zam’ah accepta, et se maria avec le Prophète, après avoir obtenu l’autorisation d’un homme de sa famille. Quant à Abû Bakr, il se laissa convaincre de donner Aïcha en mariage au Prophète. Il dut aller voir Mut’im pour lui dire qu’Aïcha n’était plus destinée à son fils, mais au Prophète ; ce dernier acquiesça. Mahomet passa le contrat de fiançailles avec Abû Bakr, sans qu’Aïcha ne soit présente.
Le mariage eut lieu trois ans plus tard, à Médine. Aïcha se souvient du moment où on est allé la chercher :
« J’étais en train de jouer à la balançoire et ma longue chevelure était défaite. On vint alors me chercher et on m’emmena pour me préparer. »5
Comme le précise le Hadith6, le mariage fut consommé alors que le Prophète avait cinquante-trois ans, et qu’Aïcha était dans sa neuvième année.
Le Prophète montrait une grande sollicitude vis-à-vis d’Aïcha, par exemple, il ne voulait pas perturber ses jeux avec ses amies :
« J’étais en train de jouer avec mes poupées, raconte-t-elle, en compagnie des filles qui étaient mes amies, lorsque le Prophète entrait. Elles se glissaient alors hors de la maison, mais il allait les rattraper et me les ramenait. »7
De l’aveu même du Prophète, Aïcha était sa femme préférée.
3 – Zaynab
Un jour le Prophète se rendit chez son fils adoptif, mais ce dernier était sorti. En revanche sa femme, Zaynab était là, et n’attendant aucune visite, elle était vêtue d’une tenue d’intérieur. Le Prophète la vit et fut frappé par sa beauté de sorte qu’il murmura quelques mots dont Zaynab ne parvint à entendre que la fin :
« Gloire à Dieu le magnifique ! Gloire à Celui qui dispose le cœur des hommes ! »8
Puis il repartit. Zaynab rapporta à son mari, le fils adoptif de Mahomet, les paroles de glorification du Prophète. Ce dernier comprit que sa femme avait plu à son père, il alla le voir et lui dit qu’il était prêt à la répudier si ce dernier souhaitait l’épouser. Mahomet refusa la proposition, et lui demanda de ne pas la répudier.
Mahomet ne pouvait pas épouser Zaynab pour deux raisons. Tout d’abord Zaynab était mariée à son fils, or Allah avait interdit, lors d’une précédente descente, le mariage entre un homme et les ex-épouses de ses fils9. Ensuite, cette union était impossible parce qu’à ce moment-là le Prophète avait déjà quatre femmes, or Allah avait stipulait qu’un musulman pouvait au maximum avoir quatre femmes en même temps. Autrement dit pour épouser Zaynab le Prophète aurait dû préalablement répudier l’une de ces quatre épouses.
Malgré cela, le fils de Mahomet décida de répudier Zaynab. Dans les jours qui suivirent, Allah fit descendre un nouveau verset :
« Oh Muhammad ! Tu as dit à cet homme (…) : “ Garde ta femme et crains Dieu ” ; et tu cachais dans ton cœur ce que Dieu devait bientôt mettre au grand jour. Mais lorsque Zeid (le fils de Mahomet) prit le parti et résolut de répudier sa femme, nous te l’unîmes par mariage, afin que ce ne soit pas pour les croyants un crime d’épouser les femmes de leurs fils adoptifs après leur répudiation. Le précepte divin doit avoir son exécution. »10
Ainsi, par ce verset, Allah précisa ses prescriptions passées, en disant que dorénavant il était possible de se marier avec les ex-épouses de ses fils si ces derniers avaient été adoptés. Il leva ainsi le premier interdit et donna Zaynab en mariage à Mahomet. Le Prophète ravi par ces versets s’exclama :
« Qui ira trouver Zaynab pour lui porter la bonne nouvelle que Dieu me l’a donnée en mariage du Ciel même ? »11
D’autres versets descendirent. L’un d’entre eux justifia l’union qu’Allah avait bénie entre Mahomet et Zaynab en levant le deuxième interdit :
« Ô Prophète ! Il t’est permis d’épouser (…) toute femme fidèle qui livrera son cœur au Prophète, si le Prophète veut l’épouser. C’est un privilège que nous t’accordons sur les autres croyants. »12
Autrement dit le Prophète n’est plus limité à quatre femmes, il peut, contrairement aux autres musulmans, en épouser autant qu’il le souhaite. Zaynab devint donc sa cinquième épouse.
On voit bien par cette histoire avec Zaynab l’étonnante complicité qui existe entre Allah et son Prophète. L’histoire qui suit ne démentira pas cette proximité.
4 – Marya
Le Prophète avait écrit une lettre au gouverneur égyptien lui demandant d’embrasser l’islam. Ce dernier avait répondu de façon évasive, mais avait envoyé avec sa réponse de nombreux présents dont deux très belles esclaves coptes (chrétiennes). L’une, Marya, était vraiment magnifique. Mahomet tomba sous son charme, et passa de plus en plus de temps avec elle, s’adonnant aux plaisirs de la chair. Ses épouses savaient qu’il est licite pour un homme d’avoir des relations sexuelles avec ses esclaves, mais elles devinrent tout de même jalouses de Marya et en voulurent à Mahomet. Aussi, un jour Hasfah et Aïcha sermonnèrent le Prophète, de sorte que celui-ci fit le serment de ne plus voir Marya. Allah fit alors descendre des versets :
« Ô Prophète, pourquoi défends-tu ce que Dieu a permis ? Tu cherches la satisfaction de tes femmes. (…) Dieu vous a permis de délier vos serments, il est votre patron. Il est savant et sage. »13
Ces versets s’adressent au Prophète et lui disent qu’il n’a pas à s’interdire ce que Dieu lui a permis sous prétexte de satisfaire ses épouses. De plus, Dieu lui permet de ne pas tenir le serment qu’il a fait à ses femmes en s’interdisant de voir Marya. D’autres versets sont descendus à l’intention, cette fois-ci, des épouses :
« Si vous êtes rebelles au Prophète, le Seigneur est son protecteur. (…) S’il vous répudie, Dieu peut lui donner des épouses meilleures que vous. »14
Ces versets invitent fortement Hasfah et Aïcha à s’excuser auprès de Dieu et de Mahomet si elles ne souhaitent pas être répudiées et remplacées par d’autres. Après la descente de ces versets, par peur de la répudiation, elles allèrent supplier le Prophète de ne pas mettre la menace d’Allah à exécution. Il ne les répudia pas.
5 – Les autres femmes
Concernant les autres femmes, celles qui n’étaient ni les épouses ni les esclaves du Prophète, même si Mahomet a toujours éprouvé une certaine affection à l’égard de la gente féminine, il a su aussi se montrer extrêmement sévère. Prenons quelques exemples :
Il n’hésita pas à faire assassiner des femmes qui le gênaient. Ainsi, la sira de Tabari nous raconte les conditions du meurtre d’Asmâ bint Marwan, une femme poète qui s’était moquée des musulmans. L’homme qui prit en charge cette besogne la tua alors qu’elle dormait au milieu de ses enfants, avec le plus jeune qui sommeillait sur sa poitrine. L’assassin retourna voir le Prophète en lui demandant s’il n’allait payer les conséquences de ce meurtre horrible. Le Prophète le rassura en lui disant que :
« Deux chèvres ne choqueront pas leurs cornes pour elle ! »15
Il ordonna la lapidation de femmes adultères comme on peut le lire dans cet extrait du droit coranique :
« Un homme dit (au Prophète) : Mon fils était employé par cet homme, et avait commis l’adultère avec sa femme. (…) L’Envoyé de Dieu dit : Par celui qui en sa main tient mon âme, je jugerai de votre cas selon le Livre de Dieu. (…) Puis il ordonne que le fils soit fouetté pour cent fois, et exilé pour un an (…) l’Envoyé de Dieu ordonne de convoquer la femme de l’autre, qui, ayant avoué qu’elle a commis l’adultère, fut lapidée. »16
Prenons un dernier exemple symbolique mais significatif : une nuit l’ange Gabriel invita Mahomet à chevaucher le Bouraq (créature volante) afin de lui faire visiter différents lieux dont le Paradis et l’Enfer (image de gauche). De retour de son voyage, Mahomet affirma avoir vu en Enfer essentiellement des femmes. On retrouve ainsi dans le Hadith cet avertissement du Prophète :
« Ô femmes ! Faites l’aumône et sollicitez plus fréquemment le pardon d’Allah, car je vous ai vu former la majorité des réprouvés de l’Enfer. »17
Explications:
1 Cf. La sira, le Hadith et la sunna
2 Ibid.
3 Atîq : adjectif qualifiant un vin âgé dans la poésie arabe, autrement dit quelque chose de bon et de précieux.
4 Hadith (IBN SA’D, Kitâb at-Tabaqât Al-Kabîr, trad. Martin Lings et Jean-Louis Michon, Le Prophète Muhammad, Paris, éditions du Seuil, 1986, p.220.)
5 Hadith (IBN SA’D, Kitâb at-Tabaqât Al-Kabîr, trad. Martin Lings et Jean-Louis Michon, Le Prophète Muhammad, Paris, éditions du Seuil, 1986, p.221.)
6 Hadith (MUSLIM, Al-Sahîh, CXIV).
7 Hadith (IBN SA’D, Kitâb at-Tabaqât Al-Kabîr, trad. Martin Lings et Jean-Louis Michon, Le Prophète Muhammad, Paris, éditions du Seuil, 1986, pp.221-222.)
8 Ibid.
9 Coran (IV, 22)
10 Coran (XXXIII, 37)
11 Hadith (IBN SA’D, Kitâb at-Tabaqât Al-Kabîr, trad. Martin Lings et Jean-Louis Michon, Le Prophète Muhammad, Paris, éditions du Seuil, 1986, p.353.
12 Coran (XXXIII, 50)
13 Coran (LXVI, 1-2)
14 Coran (LXVI, 4-5)
15 Sira (AL-TABARI Abû-Jafar, trad. DELCAMBRE Anne-Marie, L’islam des interdits, Paris, éditions Desclée De Brouwer, 2003, p.27.)
16 Fiqh (MALIK Abdu-llah, Al-Muwatta’, trad. Muhammad Diakho, Beyrouth, éditions Al-Bouraq, 2004, pp.644-645)
17 Hadith (MUSLIM, Al-Sahîh, CXIV)