Nous allons, au cours de cet article, tenter de comprendre à quoi l’islam appelle les musulmans. Nous allons essayer de dessiner les contours du musulman idéal vers lequel tout musulman doit s’efforcer de tendre.
Se tenir dans les sentiers de Dieu
Professeur à l’Université de Tunis, Abdelwahab Bouhdiba est le Président de l’Académie des Sciences de Tunisie, il redit ici les fondements de l’islam :
« Coran, hadiths et fiqh constituent l’invariant par excellence. (…) Même si la Révélation est située hic et nunc (dans un contexte particulier), le contenu est perçu comme message éternel et extra-temporel. Il dit le modèle que Dieu a choisi pour sa communauté ; et ce choix divin ne saurait subir de changement.
Voilà l’intuition de base, à partir de laquelle la Tradition propose des séries de conduites stéréotypées qu’il faut à tout moment restituer dans leur intégralité, et dans leur pureté originale ; ou du moins s’en approcher autant que possible.
Le Coran est parole divine, kalamu Allah, logos universel, c’est l’idée pure. La Sunna du Prophète c’est le modèle agi, le comportement idéal conforme à la Parole sacrée (…). S’y conformer strictement nous garantit d’être dans les voies de Dieu. L’écart est égarement et erreur. Par essence l’islam est orthodoxie. »1
Par le Coran, Allah donne aux hommes un code à respecter, un code qui, bien qu’ayant été reçu dans un contexte particulier, est atemporel, définitif, immuable. Le hadith et le fiqh ne sont quant à eux qu’une prolongation du Coran. Ils constituent l’écho le plus fidèle du Verbe de Dieu dans le monde des hommes. Coran, hadith et fiqh expriment avec une grande précision ce qu’un homme doit croire, doit faire ou ne pas faire pour se tenir dans les sentiers d’Allah.
Ce cadre divin fournit à l’humanité un modèle d’homme et de société. Dieu veut le bien de l’homme, et le respect de ce cadre est finalement le seul moyen de réellement y parvenir. Il exprime et ressaisit la nature de l’homme en le tournant vers Dieu dans chacun de ses gestes, chacune de ses pensées.
Le respect de ce cadre est un art, tant le nombre des préceptes est grand. Le croyant doit se laisser conduire par ce guide divin pour s’ouvrir à la contemplation de Dieu.
Nous allons donc dans cet article tenter de définir ce modèle en reprenant les différents ensembles de prescriptions et la manière dont ils s’articulent entre eux.
On peut déjà distinguer d’une part les dogmes, ou articles de foi, qui définissent ce qu’il faut croire, et d’autre part la charia, la loi islamique, qui dicte ce qu’il faut faire ou ne pas faire. La charia peut elle-même se diviser en deux ensembles de prescriptions : les obligations cultuelles qui définissent les obligations d’un musulman dans sa relation avec Dieu, et les prescriptions mondaines qui régissent sa vie en société.
Nous commençons notre étude par les dogmes.
Les cinq articles de foi
L’orthodoxie islamique se décline selon cinq articles de foi que reprend ce verset coranique :
« Celui qui ne croit pas en Dieu, en ses anges, à ses livres, à ses apôtres (les prophètes) et au jour dernier est dans un égarement lointain. »2
Un musulman est ainsi appelé à croire à l’unicité de Dieu (Il n’y a de dieu que Dieu), aux anges, au Coran, aux Prophètes et au jugement dernier.
Nous passons maintenant à la manière dont il faut agir pour être conforme à la volonté d’Allah. Elle est définie par la charia, littéralement la « voie à suivre », qui constitue la loi islamique. Le premier ensemble de prescriptions concerne les obligations de culte aussi appelées les cinq piliers de l’islam.