Jésus est pleinement homme, il est l’homme accompli, il est par nature ce que tout homme est appelé à devenir. Ainsi être pleinement homme, c’est être pleinement habité par l’Esprit de Dieu, c’est être fils de Dieu. Autrement dit, tout homme est appelé à être fils de Dieu. Dès l’introduction de son évangile, saint Jean écrit :
« À ceux qui l'ont reçu (le Christ), à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. »11
Saint Paul le redit à de nombreuses reprises, en voici deux exemples extraits de l’épître aux Galates et de l’épître aux Romains :
« Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ. »12
« Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. »13
L’homme est appelé à devenir ce que Jésus est par nature, Dieu. Pour les chrétiens la caractéristique fondamentale de l’homme, ce qui le distingue du monde animal, c’est sa capacité à devenir ce qu’est Dieu, à devenir amour. C’est ici le cœur de l’Évangile, le sens de la vie humaine c’est d’aimer, d’aimer comme le Christ a aimé. Saint Nicolas Cabasilas, orthodoxe du XIVe siècle, dit à ce propos :
« Le cœur de l'homme a été créé assez grand pour contenir Dieu lui-même. »14
François Varillon, redit avec force le cœur de la foi chrétienne :
« Ce que je voudrais, c'est que les chrétiens soient capables de répondre en deux lignes à la question : finalement, que croyez-vous ? (…)
Cette réponse tient tout entière dans un adage qui est traditionnel dans l'Église depuis les premiers siècles. (…) Je vous le cite en latin, afin qu'il ait son cachet d'authenticité : “ Deus homo factus est ut homo fieret Deus ”, c'est-à-dire : “ Dieu s'est fait homme pour que l'homme soit fait Dieu. ” (…)
Les deux vérités sont rigoureusement corrélatives, l’incarnation de Dieu et la divinisation de l’homme. Cela est absolument traditionnel, c’est le noyau de la foi, le permanent, l’immuable, ce qu’aucun contexte culturel nouveau ne peut modifier, ce que l’Église ne mettra jamais en question. »15
Dans la mythologie grecque les dieux prennent des apparences humaines ou animales pour se mêler aux hommes. L’Évangile n’est pas un mythe grec ! Ce n’est pas l’histoire de Dieu qui aurait pris une apparence humaine pour dispenser quelques bonnes paroles aux hommes qui n’ayant rien compris l’auraient crucifié.
Évangile signifie en grec « bonne nouvelle ». Cette bonne nouvelle c’est que l’Amour est le sens de l’Histoire, la finalité, l’horizon de toute vie humaine. L’humanité n’est pas là pour adorer un Dieu Pharaon et se soumettre à ses lois.
La bonne nouvelle c’est que dans nos vies ce qui compte ce ne sont pas nos victoires, ni même nos échecs, c’est d’aimer. L’Évangile réoriente en quelque sorte ce qui à nos yeux devrait être important, prioritaire, central. La valeur de nos activités se mesure à ce qu’elles nous permettent d’aimer davantage. Car de nos vies la seule chose qui restera c’est l’amour. Seul l’amour est éternel car l’amour c’est Dieu.
Jésus n’est pas Dieu qui a pris une apparence humaine, ce n’est pas non plus un mi-homme mi-Dieu. Il est pleinement homme et pleinement Dieu. Il nous révèle qu’être pleinement homme c’est être pleinement Dieu.
Nous achevons notre parcours par ces quelques versets de la première épître de saint Jean sur cette bonne nouvelle :
« Aimons-nous les uns les autres ; car l'amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour. (…) Nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. »16