Deuxièmement, quelle crédibilité donner au Coran dont on déclare certains versets obsolètes ?
Prenons le verset coranique déclarant que l’héritage d’une femme est la moitié de celui d’un homme13 si c’est une invention de Mahomet que l’on peut déclarer obsolète, alors pourquoi le verset affirmant que ce n’est pas Jésus-Christ qui fut crucifié mais un sosie14 ne serait pas non plus une invention du Prophète ? D’autant plus que Saint Jean, témoin oculaire de la scène, prétend le contraire. De même pour les versets affirmant que c’est Ismaël et non Isaac qui fut l’objet du non-sacrifice d’Abraham15 etc…
Alors que la raison d’être du Coran était de restaurer la parole divine jadis déformée par les juifs et les chrétiens16 , si Mahomet en est le véritable auteur c’est bel et bien le Coran qui risque d’apparaître comme une accumulation d’erreurs.
À quoi sert l’islam ?
Reprenons la manière dont les trois monothéismes s’articulent :
Le judaïsme ouvre une Première Alliance fondée sur la Loi reçue par Moïse. Les prophètes juifs annoncent la venue future du Messie.
Pour les chrétiens, Jésus de Nazareth est le Messie annoncé par les prophètes. Il accomplit la Première Alliance en l’ouvrant sur une Nouvelle Alliance fondée sur l’Amour.
Les musulmans pensent que les juifs et les chrétiens ont déformé la parole de Dieu. Au VIIe siècle, afin de remédier à cette situation, Dieu fit descendre une ultime fois sa parole sur un homme : Mahomet.
Or, si l’on considère comme les réformateurs que le Coran n’est pas la parole de Dieu mais celle de Mahomet, si le Coran ne peut plus prétendre corriger la Bible (Cf. 4.2), alors à quoi sert l’islam ? Quelle est la raison d’être de l’islam ? En quoi le Coran et la vie du Prophète accomplissent-ils, dépassent-ils l’Evangile ? L’islam risque d’apparaître comme une régression.
Ainsi, faire du Coran l’œuvre de Mahomet permet certes de limiter la portée des versets coraniques violents au contexte dans lequel ils ont été écrits, mais d’un autre côté cela fait s’effondrer tout l’édifice théologique musulman.
Les réformateurs ne représentent aujourd’hui qu’une poignée d’intellectuels qui tentent contre vents et marées de concilier l’inconciliable. Écartelés entre deux mondes, ils souhaiteraient résoudre ce conflit intérieur en donnant à islam un nouveau visage. Mais l’islam résiste à toutes leurs tentatives de l’assimiler au paradigme occidental.
Alors que leur lutte vise à l’émancipation du monde musulman, ce dernier les ignore ou les condamne. Paradoxalement, leur auditoire, ce sont les occidentaux. Ces derniers les sur médiatisent et, ignorant tout de l’islam, admirent dans cet islam travesti leur propre reflet teinté d’un brin d’exotisme et décrètent avec autorité : « c’est ça le véritable islam ».
Il n’existe pas de théologie musulmane compatible avec les valeurs occidentales, et on ne voit pas comment une telle théologie pourrait voir le jour. Le Coran restera le Coran, et aucune tentative de travestissement du Prophète ne le transformera en un Jésus ou un Bouddha.
Les musulmans adhérant aux valeurs occidentales semblent être condamnés à appliquer un islam au rabais, à vivre une sorte de schizophrénie entre leur foi et leurs valeurs, à moins qu’un jour ils ne fassent le choix de tourner le dos au Prophète ou à l’Occident...